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Joel Ficet

L’identité européenne en musées



Le touriste découvrant le quartier européen de Bruxelles un jour d’averse et cherchant à s’abriter sera confronté à un choix entre deux étapes à vocation pédagogique, toutes deux situées à quelques mètres du Parlement : le Parlamentarium et la Maison de l’Histoire Européenne (MHE).


Les deux institutions sont récentes, et pourraient être confondues au premier abord. La création du Parlamentarium résulte de l’initiative d’un ancien secrétaire général du parlement, Julian Priestley, suite à un déplacement à Washington, qui lui inspire l’idée d’un « centre d’accueil » similaire à celui du Capitole, consacré à la genèse et au fonctionnement de l’Union Européenne. L’initiative est approuvée en 2005 par le Parlement, et le centre est officiellement inauguré le 14 octobre 2011[1]. Le projet de la Maison de l’Histoire Européenne, quant à lui, est annoncé par le président du Parlement du Parlement Hans-Geert Pöttering à l’occasion de son discours d’inauguration, le 13 février 2007. Le projet est alors controversé, tant en raison de son coût annoncé (il sera installé dans l’ancien bâtiment de la Clinique dentaire Eastman, entièrement rénové pour l’occasion) que du fait de sa dimension militante, peu appréciée par les mouvements eurosceptiques. Pour contrer ces critiques, Pöttering charge un groupe d’experts académiques de rédiger une « base conceptuelle » pour cadrer les orientations du nouveau musée. La MHE ouvre finalement ses portes le 6 mai 2017[2].


Les musées européens, instruments d’intégration culturelle


La quasi-simultanéité de l’établissement de ces deux institutions n’est pas tout à fait une coïncidence : à la même période se multiplient les initiatives mémorielles visant à mettre en valeur l’héritage collectif des peuples européens comme fondement de l’UE. On peut même parler à cet égard d’une politique d’intégration culturelle européenne, une troisième vague d’européanisation qui suivrait l’intégration économique initiée en 1958 et l’intégration politique que signalent particulièrement le traité de Maastricht et la création d’une citoyenneté européenne[3].


Il est à noter que cette politique a des précédents anciens, tels que l’adoption en 1973 par les ministres des Affaires étrangères des membres de la CEE d’une Déclaration sur l’identité européenne, destinée à définir « leurs relations avec les autres pays du monde ainsi que les responsabilités qu’ils assument et la place qu’ils occupent dans les affaires mondiales ». Mais elle s’intensifie au cours des années 1990 et 2000, en raison de deux phénomènes : l’inclusion rapide dans l’Union après la chute du mur de Berlin de nations ayant connu un autre itinéraire historique d’une part, l’essor de l’euroscepticisme dans les anciens Etats-membres de l’autre.


Elle se concrétise notamment sous la forme de « lieux de mémoire » physiques, tels que le Parlamentarium, la MHE, la Maison Jean Monnet, la collection d’art du Parlement européen (établie en 1980 à l’initiative de Simone Veil), ou dématérialisés, comme la plate-forme Europeana. Elle peut également s’appuyer sur des législations symboliques, comme la déclaration du Parlement européen du 2 avril 2009 sur la conscience européenne et le totalitarisme : commémorant conjointement les victimes du nazisme, du fascisme et du stalinisme, elle manifeste très clairement la volonté d’inclure l’expérience des Etats-membres ex-communistes dans les récits classiques de l’intégration européenne. On pourrait encore citer la consultation publique « A new narrative for Europe » (2013), visant à faire réfléchir intellectuels et artistes sur le futurs de l’Europe, explicitement en vue de lutter contre le populisme et l’indifférence croissante des citoyens de l’Union.


Ce qui rapproche toutes ces initiatives, c’est qu’elles reposent chacune sur un récit liant passé, présent et futur de l’Europe[4]. Cette intention est souvent explicite, comme l’illustre ce passage de la déclaration de Hans-Geert Pöttering annonçant la création de la MHE : « Je souhaite créer un locus pour l’histoire et pour le futur, où le concept de l’idée européenne peut continuer de s’épanouir. Je voudrais suggérer la fondation d’une Maison de l’Histoire Européenne. Il s'agirait d'un lieu où la mémoire de l'histoire européenne et l'œuvre de l'unification européenne seraient honorées conjointement, ainsi qu’un lieu où l’identité européenne continue à être façonnée par les citoyens présents et futurs de l’Union ». S’immerger dans le passé de la culture européenne pour légitimer les institutions de l’UE et justifier la poursuite de l’intégration européenne, voilà le programme !


Toutefois, le récit promu par les institutions de l’Union n’est pas homogène ; il semble même parfois que deux plusieurs histoires coexistent. La comparaison des expositions du Parlamentarium et de la MHE révèle ainsi, au-delà d’un message général de promotion d’une identité culturelle européenne, des divergences relatives la chronologie, aux mécanismes et à l’aboutissement attendu de l’intégration européenne. Ces divergences, à leur tour, recouvrent des perceptions différentes du rapport des citoyens européens à leur héritage commun.


Chronologies mythologiques


La contradiction la plus visible entre les récits des deux musées tient à la date de départ à attribuer à une chronologie de l’Europe. L’historien Jan Ifversen distingue deux « mythes des origines » dans les discours tant politiques qu’académiques sur la généalogie de l’Europe[5]. Le premier d’entre eux est un récit commençant avec l’expérience traumatique des deux guerres mondiales (la « guerre civile européenne », selon Enzo Traverso), suivi d’une renaissance par le renoncement au nationalisme. Ce sont donc ici des évènements politiques (guerres, traités, révolutions…) qui marquent la progression de l’idée européenne. Le second mythe remonte à quant à lui à l’Antiquité, et fait valoir certains processus culturels et sociaux comme fondements d’une identité paneuropéenne. Le Parlamentarium s’inspire clairement du premier mythe ; les orientations de la MHE s’ancrent, quoiqu’avec prudence, dans le deuxième.


La partie historique de l’exposition du Parlamentarium commence par un hall intitulée « Visions », constituée par une longue allée sombre illustrant l’état de violence précédant les premiers efforts d’intégration. Le mur de droite présente ainsi diverses photographies illustrant les destructions et dictatures de la première moitié du vingtième siècle ; leur succèdent des images de la reconstruction et de la prospérité de l’après-1945. La dernière image représente la signature du statut du Conseil de l'Europe en 1949 à Londres. En face le mur est couvert de vitrines portant les citations d’hommes politiques ou d’intellectuels européens appelant à l’unité européenne et décriant les Etats-nation comme obstacles à la paix continentale : Richard Coudenhove-Kalergi, Thomas Mann, Altiero Spinelli, Winston Churchill… L’ensemble s’achève sur un mur portant en grand le chiffre « 1950 ».


La salle suivante, « Commencements », poursuit ce récit visuel. Le mur gauche du hall figure en effet 150 photographies emblématiques d’évènements ayant forgé l’Europe contemporaine, commençant là aussi par les guerres (la porte de Birkenau, des soldats russes hissant le drapeau soviétique), les bouleversements politiques (la visite de Kennedy en Europe, la chute du mur de Berlin, Volodymyr Zelensky à son bureau…) mais aussi certaines réalisations culturelles et technologiques (une scène du film La Dolce Vita, Youri Gagarine, l’Atomium, le Centre Beaubourg à Paris, l’Eurostar…). La familiarité du public avec ces images permet de créer le sens d’une cohésion de l’histoire européenne et de sa représentation. La salle comprend également un ensemble de présentoirs exposant informations historiques et textes importants de l’UE (écrits des « Pères fondateurs », traités, brouillons de la déclaration Schuman, etc.). Cette juxtaposition suggère un lien de causalité, le développement politique de l’UE apparaissant comme le vrai moteur du progrès européen vers la démocratie et la prospérité. Enfin, cette chronologie finit en apothéose : le visiteur parvient à la salle « Aujourd’hui et demain », qui présente le fonctionnement de la démocratie européenne, et plus particulièrement, évidemment, celui du Parlement.


La généalogie proposée par la Maison de l’Histoire Européenne diffère nettement en commençant son récit dès l’Antiquité. Le premier niveau de la collection permanente (« Dessiner le profil de l’Europe ») évoque ainsi le mythe d’Europe et ses interprétations à travers les âges, positionnant implicitement la Grèce antique comme berceau de l’Europe moderne. La « base conceptuelle » du musée était plus explicite encore à cet égard, énonçant : « À partir du cinquième siècle avant J.-C., le monde gréco-romain a développé une forme de haute culture, par la suite ravivée par plusieurs ‘renaissances’, qui est à la base de la philosophie, de la littérature, de la législation et de l'art de gouverner encore au cœur de la culture européenne contemporaine » (on notera au passage l’usage quelque peu archaïque du terme « haute culture » pour caractériser la civilisation européenne). L’étage introduit également visuellement une quinzaine d’aspects typiques de l’histoire intellectuelle et politique du continent, positifs ou négatifs : la philosophie, la démocratie, l’Etat de droit, le capitalisme, la traite des esclaves, la colonisation, le génocide… L’étage suivant « L’Europe : une puissance mondiale (1789-1914) » développe certains de ces aspects sur une période négligée par le Parlamentarium : les révolutions démocratiques du 19ème siècle, la révolution industrielle, le capitalisme, le colonialisme, le racisme… La chronologie se rapproche toutefois de celle du Parlamentarium aux étages suivants : de larges espaces y sont consacrés aux traumatismes fondateurs de la construction européenne : guerres mondiales, totalitarismes, Shoah, guerre froide… Une section « Jalons de l’intégration européenne » y reprend notamment les grandes dates du développement de l’Union européenne, en commençant par le Congrès de l’Europe de 1949 et jusqu’à la crise monétaire. Enfin, une ultime présentation sur « L’Europe d’Aujourd’hui » à l’étage supérieur de la MHE introduit, brièvement, les évènements les plus récent : le Brexit, la pandémie COVID, la lutte contre le changement climatique…


Les chronologies de la naissance de l’Europe offerte par les deux musées divergent donc tant sur leurs points de départ que sur leurs aboutissements. En effet, là où le Parlamentarium offre un récit téléologique faisant de l’union politique de l’Europe une conséquence inévitable et nécessaire des souffrances des deux guerres mondiales, la temporalité choisie par la MHE fait de celle-ci un épiphénomène tardif de l’émergence d’une identité continentale.


Des narrations téléologiques de l’unité européenne ?


L’exposition du Parlamentarium est sous-tendue par une opposition mythologique forte : un passé de division, de guerre et de totalitarisme d’une part ; un ordre d’unité, de paix et de démocratie de l’autre. De l’horreur du premier découle l’inéluctabilité de l’avènement du second : l’Europe, tel un phénix, renaît des cendres de la Deuxième Guerre Mondiale. On s’inscrit bien ici dans le premier des récit des origines distingués par Ifversen, qui identifie les guerres mondiales comme point de départ de l’aventure de l’intégration. Les héros de cette histoire de salut, ce sont les intellectuels, politiciens, ou hauts fonctionnaires investis dans la construction européenne et à qui l’on doit concorde et prospérité continentales.


Les lieux sont d’ailleurs agencés de manière à suggérer l’inévitabilité de ce destin. Le dramaturge belge Thomas Bellinck compare également la façon dont Parlamentarium et le musée du Parti Communiste en Chine produisent un récit historique émotionnel au travers de leur architecture : « En termes de dramaturgie architecturale, le Parlamentarium présente de nombreuses similarités avec le musée du Parti communiste en Chine. Tous deux utilisent la nostalgie pour moteur, et commencent leur narration par un cataclysme gigantesque : la Seconde Guerre mondiale pour le Parlamentarium, et l’exploitation de la Chine par l’Occident a la fin du XIXe siècle pour le musée du Parti communiste. Par ailleurs, le parcours des deux musées commence en sous-sol. Le visiteur emprunte un long couloir sombre et ne voit que des images de douleur, de destruction et d’atrocités passées. On monte ensuite les escaliers, et l’on arrive dans un espace très éclairé – bleu au Parlamentarium, rouge au musée du Parti communiste – qui symbolise la mise sur pied du Parlement européen et la création du Parti communiste. Il est frappant que deux systèmes politiques antagonistes écrivent leur histoire de façon semblable »[6]. L’avènement de l’UE et son approfondissement sont donc implicitement peints comme, non seulement désirables, mais naturels ; les tensions qui pourraient menacer le projet européen et rappeler la relativité de son succès et de sa légitimité (euroscepticisme, crises économiques et migratoires, Brexit, revendications régionalistes…), en revanche, sont à peine mentionnées. Le travail de (re)légitimation des institutions européennes est donc ici transparent.


La MHE apparaît plus nuancée dans sa démarche, et ce en dépit des intentions militantes du grand promoteur de sa création, Hans-Geert Pöttering. C’est ainsi que l’unification politique de l’Europe après 1945 n’occupe qu’une portion limitée des collections, aux côtés des évocations de l’Antiquité, du 19ème siècle, de la Première Guerre Mondiale, etc. Elle n’apparait ainsi que comme un aspect parmi d’autres de la vie des européens contemporains. Les acteurs intellectuels et politiques qui ont soutenu la construction européenne sont certes nommés, mais pas loués comme des « accoucheurs » de l’Européanité.


Enfin, l’architecture du lieu ne le voue pas au triomphalisme. L’étage supérieur de la MHE, aboutissement de la visite, ne met pas particulièrement en gloire les réalisations de l’UE. Au contraire, y sont évoqués au sein de la section sur « l’Europe d’aujourd’hui » des réalités qui soulignent leur précarité : les conflits à l’Est de l’Europe, le Brexit, les tensions postcoloniales, le changement climatique, etc. Ici, pas de célébration de la paix ou de la démocratie européennes en forme d’apothéose… Ainsi, bien que la narration proposée semble se rattacher au deuxième mythe des origines européennes identifiée par Ifversen, la tonalité des présentations reste plus neutre. Cela est probablement lié au fait que la définition des orientations du musée ait été confiée à des académiques et à des conservateurs professionnels, qui ont appliqué les standards scientifiques contemporains, et non les codes de l’historiographie nationale du 19ème siècle.


L’Européanité en dissensus


Plus fondamentalement, si les deux musées peuvent présenter des perspectives si dissemblables, c’est qu’ils ne s’accordent pas sur la nature même de ce qu’est l’Europe contemporaine, ou l’Européanité. Est-elle un système d’institutions, un ensemble de valeurs politiques, une civilisation, un rapport au monde, une mémoire partagée ?


L’Europe vue par le Parlamentarium est une construction politique récente. Elle résulte de l’établissement par un groupe d’acteurs inspirés (les « Pères de l’Europe ») d’un ordre institutionnel consacré à la paix et à la démocratie, contrastant avec le chaos de la première moitié du 20ème siècle, mais aussi avec les pays du bloc communiste sous influence de l’URSS. Le « peuple européen » ne préexiste pas à cette entreprise. Au contraire, c’est le processus d’intégration qui fait naître un Demos transnational, processus jalonné notamment par l’établissement par le Traité de Maastricht d’une citoyenneté européenne. Les dernières sections du musée reflètent ce mouvement. Une salle de cinéma figurant l’hémicycle du Parlement projette un film panoramique dans lequel sont expliquées les procédures législatives et les grands enjeux politiques du moment. Dans un hall adjacent, les visiteurs sont invités à participer à des sondages sur des questions actuellement débattues par le Parlement ; ils peuvent immédiatement comparer leurs réponses aux votes de leurs députés. Ces mises en scènes engagent les visiteurs à se sentir acteurs de l’Europe et à se percevoir comme membres d’une communauté civique européenne, au-delà des identifications nationales[7].


Les orientations de la MHE livrent évidemment une vision très différente de l’Européanité. Son site Internet indique ainsi que « l’exposition permanente se concentre sur les principaux phénomènes et processus qui ont donné forme à l’Europe contemporaine à travers l’histoire et souligne la diversité de l’expérience, de la conscience et de l’interprétation liées à ces développements. Elle ne décrit pas les histoires individuelles des États et régions d’Europe, mais se concentre plutôt sur les phénomènes européens ». Toujours selon le site, trois critères ont été dégagés pour identifier ces « phénomènes européens » : « L’événement ou l’idée doit avoir trouvé son origine en Europe, s’être diffusé à l’ensemble du continent et avoir conservé son actualité jusqu’à aujourd’hui ». Ce qui définit l’Europe, donc, c’est la proximité des expériences de ses habitants, expériences passées (que la MHE aborde sous l’angle de la mémoire) ou présentes (sous l’angle des styles de vie). La section consacrée à la Première Guerre Mondiale, ainsi, se focalise sur le vécu des soldats, soulignant la similitude de leur sort dans les tourments du conflit, plutôt que sur la succession des batailles et des traités.


La construction de l’Europe institutionnelle n’est pas centrale dans ce dispositif : elle y occupe certes un espace non négligeable, mais n’apparaît pas privilégiée par rapport à des changements tels que l’industrialisation ou le capitalisme. La liste des expositions temporaires de la MHE illustre d’ailleurs ce penchant pour l’histoire sociale au détriment de l’histoire politique : « Jeter » (sur le rapport aux déchets et le consumérisme), « Jeunesse rebelle » (l’adolescence), « Fake for real » (sur la désinformation et le conspirationnisme), « Quand la COVID fait l’histoire », « Souvenirs de voyages en train » (sur les déplacements transnationaux)… Autant de faits de la vie quotidienne à même de rapprocher les peuples aux delà des frontières !


Ces deux interprétations de l’Européanité opposent finalement deux relations possibles des individus à celle-ci, l’une se focalisant sur l’adhésion à un projet politique, l’autre à une mémoire transnationale commune. Cette opposition peut être éclairée à la lumière d’une distinction classique entre théorie politique entre thin identity et thick identity[8]. La première renvoie à une allégeance à des valeurs politiques partagées et à un ordre institutionnel légitime, ce que Jürgen Habermas appelle un « patriotisme constitutionnel »[9] : elle résulte d’un choix délibéré, fondé (notamment dans le cas de l’UE, qui se superpose aux Etats) sur la congruence entre les opinions des individus et l’idéologie inspirant le discours et l’action d’une entité politique. Le deuxième type d’identité émane du partage de longue date de référents historiques, culturels et linguistiques commun, qui permet la reconnaissance de l’autre comme un proche, et le membre d’une même communauté ; elle n’est pas choisie mais héritée, et donc naturelle.


Pourquoi cette distinction importe-t-elle ? Parce qu’elle inspire les tentatives de l’UE pour lutter contre l’euroscepticisme et accroître sa légitimité. Il est généralement admis qu’une identité civique est plus fragile (ce que traduit l’adjectif « thin »), particulièrement en temps de désenchantement vis-à-vis du politique et d’érosion des valeurs libérales face au populisme. L’Union tente donc de consolider l’identité européenne en mettant en scène son enracinement dans la mémoire historique et dans la similitude des expériences quotidienne ; c’est là le sens de la notion d’intégration culturelle mentionnée plus haut. On peut en conclure que les différences dans les démarches du Parlamentarium et de la MHE relèvent, non seulement de deux conceptions de l’histoire, mais d’une évolution du message de l’UE face à l’érosion de sa légitimité.


[1] Martí Grau i Segú, “European Parliament public history initiatives and the memory of European unity: some reflections and a blueprint for action”, Rivista dell’Istituto di Storia dell’Europa Mediterranea, n° 7, 2020, p. 113-137. [2] Wolfram Kaiser, “Limits of Cultural Engineering: Actors and Narratives in the European Parliament’s House of European History Project”, Journal of Common Market Studies, n° 1, 2016, p. 1-17. [3] Klas-Göran Karlsson, “The Uses of History and the Third Wave of Europeanisation”, in M. Pakier and B. Stråth (eds), A European Memory? Contested Histories and Politics of Remembrance, New York, Berghahn Books, 2010, p. 38–55. [4] Camille Mazé, La fabrique de l’identité européenne. Dans les coulisses des musées de l’Europe, Paris, Belin, 2014. [5] Jan Ifversen, “Myth in the Writing of European History”, in S. Berger and C. Lorenz (eds), Nationalizing the Past, London, Palgrave Macmillan, 2010, p. 452-479. [6] « Le caractère totalement inéluctable de l’histoire. Entretien avec le dramaturge belge Thomas Bellinck sur le rôle et l’importance de l’histoire dans son œuvre », Témoigner. Entre Histoire et Mémoire, n°125, 2017, p. 55. [7] Tuuli Lähdesmäki, “Narrativity and intertextuality in the making of a shared European memory”, Journal of Contemporary European Studies, n° 1, 2017, p. 57-72. [8] Anna Davidson, “Through Thick and Thin: ‘European Identification’ for a Justified and Legitimate European Union, Journal of Contemporary European Research, n° 1, 2008, p. 32-47. [9] Jürgen Habermas, “Citoyenneté et identité nationale. Réflexions sur l’avenir de l’Europe”, in J. Lenoble et N. Dewandre, L’Europe au soir du siècle. Identité et démocratie, Paris, Esprit, 1992.

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